Coronavirus : où en est l’endettement des ménages ?

Deux personnes étudient des documents avec un ordinateur

La récession née de la pandémie de Coronavirus fait craindre que l’endettement des ménages, qui connaît une croissance depuis de nombreuses années, ne dépasse un seuil critique et ne pose un problème de stabilité macroéconomique.

Une dette privée en hausse

En 2018, la dette des ménages, soit la somme de tous les engagements contractés par les ménages (emprunt immobilier, crédit à la consommation, etc.) exprimée en pourcentage du revenu disponible, atteignait, en France, 120,7 %. Le pays se situe ainsi à un niveau très légèrement supérieur à la moyenne en zone euro (118 %). Les données disponibles mettent en exergue une forte hétérogénéité entre les pays de l’OCDE (graphique 1) : en Russie, l’endettement des ménages n’est que de 30 % du revenu disponible, contre 239 % aux Pays-Bas. Cet écart reflète notamment des différences de comportement sur le marché immobilier et de développement des systèmes financiers nationaux. Aux Etats-Unis, l’endettement des ménages a fortement diminué depuis la crise de 2008, passant de 134 à 98,4 %.

Graphique 1 : Taux d’endettement des ménages (en % du revenu disponible)

Source : Données sur la dette des ménages, OCDE (https://data.oecd.org/fr/hha/dette-des-menages.htm)

Le cas de la France

En France, l’endettement des ménages a connu une croissance quasi continue entre 1995 et 2018, passant de 68 % à 120,7 % donc (graphique 2). La principale explication de cette augmentation réside dans la hausse des prix de l’immobilier. Cette inflation implique que les ménages doivent désormais emprunter des sommes plus importantes afin de devenir propriétaires de leur logement. Les crédits immobiliers ont, dans le même temps, été grandement facilités, au cours de la dernière décennie, par la faiblesse des taux d’intérêt et les possibilités offertes par les établissements bancaires, notamment sur la durée des emprunts. Selon des données de la Banque des Règlements Internationaux, en France, l’immobilier pesait, en 2017, pour près de 86 % dans l’endettement total des ménages, soit un niveau comparable à d’autres pays membres de l’Union Européenne, comme la Belgique (83 %) et la Suède (87 %), mais inférieur au niveau en vigueur en Espagne (96 %), aux Pays-Bas (97 %) ou encore en Allemagne (97 %).

Graphique 2 : Evolution de l’endettement des ménages en France (en % du revenu disponible)

Source : Données sur la dette des ménages, OCDE (https://data.oecd.org/fr/hha/dette-des-menages.htm)

Dette des ménages post-Covid

La pandémie de Covid-19 et la récession mondiale qu’elle est en passe de provoquer risquent de peser durablement sur l’endettement des ménages, ce qui génère une grandissante inquiétude auprès des autorités monétaires de nombreux pays. La récession devrait en effet se traduire par de nombreuses faillites d’entreprise, une forte augmentation du chômage et, in fine, une réduction du revenu disponible des ménages, et donc une hausse mécanique de l’endettement. Pour la France, l’assureur Euler Hermes estime que l’endettement des ménages devrait augmenter de près de 3,5 points au cours de l’année 2020. Le principal danger concerne la soutenabilité de la dette des ménages. Si les défauts venaient à se multiplier, ils risqueraient de mettre en difficulté de nombreux intermédiaires de crédit. Rappelons d’ailleurs que la crise de 2008, dite « des subprimes », trouve son origine dans l’augmentation du taux de défaut des ménages américains sur les emprunts immobiliers…

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