Claudie Kulak : « Plus forts, collectivement » pour soutenir les aidants

Claudie-Kulak

Dédier une partie de sa vie pour accompagner un proche en perte d’autonomie : une situation à laquelle des millions de Français sont confrontés et qui rime parfois avec dénuement et précarité. Des associations se battent pour amener le cas des aidants sur le devant de la scène politique. Rencontre avec Claudie Kulak, présidente des associations Je t’Aide et Compagnie des Aidants.

Interview

Claudie Kulak
Claudie Kulak

Pouvez-vous nous expliquer ce qui définit un aidant ?

Le terme décrit toute personne qui accompagne dans les tâches du quotidien un proche qui ne peut plus les effectuer seul. C’est aujourd’hui très injuste : les plus aisés peuvent payer des employés de maison pour s’occuper de leurs parents en perte d’autonomie. Mais ce sont les plus fragilisés financièrement qui se retrouvent sans autre choix que d’aider eux-mêmes. Certains sont obligés d’arrêter de travailler pour s’occuper de leurs proches. Cette situation touche 11 millions de personnes, avec des degrés de difficulté divers. Il faut maintenant agir, faire des propositions concrètes pour soutenir les aidants.

Comment en êtes-vous venue à défendre les intérêts des aidants ?

Moi même j’ai été aidante pendant des années d’une tante âgée et handicapée et d’un père atteint de la maladie d’Alzheimer. J’ai vécu la problématique des aidants de plein fouet, ce qui m’a poussée à créer la Compagnie des Aidants. Ensuite, ma personnalité a fait que j’ai cherché à faire se rapprocher des structures. Plus forts, collectivement : c’est la philosophie du conseil d’administration de Je t’Aide.

En 2018, la Journée nationale des aidants devient Je t’Aide

L’association, qui s’appelait jusqu’alors "la Journée nationale des aidants", vient d’être rebaptisée "Je t’Aide". Toute l’année, l’association met en place des actions concrètes pour accompagner les aidants et aider à leur reconnaissance. Le collectif réunit 15 structures complémentaires (notamment la DMR, France Alzheimer, la Maison des Aidants…).

 

Comment mobilisez-vous les énergies avec Je t’Aide ?

Nous organisons toute l’année des actions de mobilisation citoyenne et des actions de plaidoyer. Nous avons par ailleurs lancé un appel à projets visant à faire émerger des initiatives remarquables en faveur des aidants. Nous allons lancer cette année un prix pour récompenser les initiatives sur la thématique de la santé des aidants. Le résultat sera connu lors de la Journée nationale des aidants qui aura lieu le 6 octobre. Notre objectif est de maintenir la motivation toute l’année.

Quel est aujourd’hui le poids politique du message porté par votre structure ?

Nous commençons à remporter de petits succès, à voir les résultats de nos efforts, mais nous savons qu’il faut du temps pour que les choses bougent, pour que les aidants soient soutenus et reconnus. Il n’est plus acceptable que des aidants vivent avec un minimum retraite indécent alors qu’ils ont permis à l’État d’économiser de l’argent pendant des décennies.

Une prise en charge financière par l’État serait-elle possible ?

Bien sûr, et nous avons les ressources pour identifier ceux qui ont le plus besoin d’aide sur le territoire, ceux qu’il faut absolument accompagner. Nous avons les ressources, mais aujourd’hui elles ne sont pas dédiées à ce type d’action ou de profil. Il ne faut pas s’arrêter à la posture du financement impossible. Certes, le financement aura un coût dans un premier temps, mais avec tellement de bénéfices par la suite ! Trouver une solution de soutien financier permettra notamment de créer des emplois non délocalisables. N’oublions pas que derrière la silver economy se cache de la richesse et un important potentiel de développement pour bon nombre d’activités.

Claudie Kulak
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