Personnes âgées : rompre avec le tout-hospitalisation

Grand âge : éviter l’hopital

Le plan « Ma Santé 2022 » vise à transformer en profondeur le système de santé. Plusieurs éléments poussent à agir : vieillissement démographique, hausse des maladies chroniques, services urgentistes et hospitaliers débordés, crise de confiance vis-à-vis des Ehpad. Limiter les hospitalisations des personnes âgées est une piste suivie par le think tank Matières Grises.

Une personne âgée n’est pas un patient comme les autres

Le fil conducteur du rapport « Objectif Grand âge : éviter l’hôpital » du think tank Matières Grises, rassemblant des acteurs de la filière d’accueil et de prise en charge des personnes âgées, est de démontrer que le patient âgé à l’hôpital n’est pas un patient comme les autres. Plusieurs arguments éclairent ce propos :

  • Un taux d’hospitalisation (406‰) plus élevé que la moyenne (191‰)
  • Une part d’entrée par les urgences plus importante : 45% des plus de 80 ans contre 15% chez les 30-70 ans
  • Une durée de séjour plus longue : 10 jours pour les plus de 85 ans contre 5 jours pour les moins de 64 ans 
  • Un cumul des problèmes de santé (chutes, problèmes cardio-vasculaires, etc.)

L’arrivée en établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) est-elle positive ? Si l’année qui suit l’admission le taux d’hospitalisation diminue, être hébergé en Ehpad double surtout le risque d’être un usager plus assidu des urgences à partir de 60 ans.

Lecture complémentaire : La loi Grand âge fin 2019 : que doit-on en attendre ?

Les motifs d’hospitalisation des personnes âgées

Le rapport relève trois raisons à cette sur-fréquentation :

  • La récurrence des chutes : un tiers des résidents d’Ehpad sont hospitalisés pour ce motif 
  • La polypathologie associée à de multiples facteurs de risque (diabète, hypertension artérielle, etc.) ou à plusieurs pathologies chroniques (arthrose, insuffisance coronarienne, dépression, etc.) : 40% à 70% des 75 ans ou plus sont traités pour plusieurs pathologies 
  • La polymédication que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit comme « l’administration de nombreux médicaments de façon simultanée ou par l’administration d’un nombre excessif de médicaments » : 20% des hospitalisations des personnes âgées de plus de 80 ans sont liées à un médicament

Cependant, l’hospitalisation se révèle être un parcours délétère : 57% des personnes âgées de 75 ans et plus restent 4h aux urgences contre 28% pour les 15-74 ans. Or les plus de 70 ans voient leur perte d’autonomie s’aggraver de 30% à 60% après un passage à l’hôpital. La moitié seulement parvient à recouvrer son état fonctionnel initial.

Quelles sont les solutions préconisées par ce rapport ?

Les auteurs égrènent une série de solutions qui ont toutes pour but d’éviter aux personnes âgées de passer systématiquement par la case hôpital. La première consiste à encourager l’hospitalisation à domicile (HAD). Les personnes âgées représentent 27% de cette patientèle mais ce niveau s’effondre au-delà de 80 ans et plus (0,5%). Le taux de recours à l’HAD par les Ehpad est également marginal (1,8%). Pourquoi ? Les auteurs mentionnent trois freins : la méconnaissance de l’HAD, l’absence de protocoles partagés, et les difficultés d’accès à un avis médical pour les résidents d’Ehpad.

Le rapport relève aussi l’efficacité du dispositif IDE (infirmier diplômé d’état) de nuit en Ehpad. Après expérimentations, ce mécanisme de mutualisation d’astreintes de soignants permet de réduire l’hospitalisation de plusieurs jours. Devant ce public spécifique, la formation des équipes à la gestion des urgences apparaît indispensable, avec pour effet direct de diminuer les passages aux urgences.

Parmi les autres mesures recommandées, on peut citer l’apport de la télémédecine, l’anticipation des soins palliatifs de fin de vie hors hôpital, le développement des hébergements temporaires et une meilleure maîtrise des ressources en Ehpad.

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